Un choc de première qualité...

Agent Spécial Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 24/07/2008

Je ne me lassais pas de plonger mon regard dans les yeux bleus de la jeune femme qui se tenait devant moi. Je savais bien sûr que son maquillage était réalisé dans cette intention mais je savais aussi que son maquillage n’était pas vraiment en cause et qui si jamais me perdre tellement dans se regard, c’était simplement que j’en avais envie et j’étais certain, au fond de moi, qu’elle devait également être sublime lorsqu’elle n’était pas habillée et maquillée comme elle l’était devant moi. Puis je me rendis compte que je la regardais un peu trop et qu’elle s’apercevrait peut-être que je la « dévorais » du regard… Je perdais pied devant elle, c’était déroutant, vraiment. Je profitais d’ailleurs d’un instant de lucidité pour replonger mon regard dans mon plat et y piocher un morceau avant de le manger. Il fallait absolument que je me calme, après tout, ce n’était pas forcément du meilleur goût… J’espérais sincèrement que la jeune femme ne le prendrait pas mal.

Alors qu’elle me parlait un peu des habitudes des Japonais, et notamment, de cet ancrage si connu dans leur passé, que j’appréciais tout particulièrement. En effet, ces gens savaient vivre dans le futur tout en honorant leurs traditions, leurs ancêtres et leur histoire. Dans les contrées occidentales, le passé était souvent bien trop souvent méconnu des nouvelles générations totalement tournées vers le futur… L’oubli était la pire des choses que l’on pouvait offrir à notre passé. Elle m’expliqua aussi la culture que devait avoir les geishas pour pouvoir s’entretenir de tout avec leurs clients, et que si elle n’aimait pas trop discuter politique, elle s’intéressait beaucoup aux temps anciens où les samouraïs défendaient des valeurs que trop d’occidentaux avaient depuis oubliés.

Puis, quelques instants plus tard, elle me félicita de mon courage. Félicitations auxquelles je répondis par un sourire gêné, après tout, je n’étais pas vraiment habitué aux compliments, surtout lorsqu’ils venaient d’une jeune femme. Elle parla ensuite un peu plus d’elle-même, de son passé, de l’homme qui l’avait trahi… J’eus alors un pincement au cœur et me demandait si elle avait tiré un trait assez épais sur cette histoire ou si plus jamais elle n’accorderait sa confiance à un homme. Oui, en cet instant, je m’étais demandé si je parviendrais à la faire changer d’avis, lui montrer de quoi les hommes étaient vraiment capables, lorsqu’ils… Aimaient vraiment. Je compris maintenant ce qui m’arrivait depuis cette fameuse rencontre, oui… Cela avait été le coup de foudre, si l’on pouvait dire. Voila pourquoi je ne pouvais pas m’empêcher de plonger dans son regard, de l’admirer et de rougir quand elle vantait mes qualités…

Je sortis de mes pensées lorsqu’elle rajouta que je devais surement la prendre pour une « étroite d’esprit », mais je comprenais parfaitement ce qu’elle pouvait vivre, et c’est alors avec un sourire que je voulais au combien rassurant que je répondis :

« - Ne vous en faites pas, je comprends parfaitement… La souffrance laisse des traces et il est normal de ne pas vouloir revivre des moments douloureux, néanmoins, il ne faut pas oublier que chaque instant que nous vivons est différent et que ce qui semble pour nous se répéter est en fait un nouveau chemin sur lequel il nous est donné d’avancer. »

Piochant à nouveau dans mon plat qui serait bientôt terminé, je tournais la tête pour voir si Fenrir se régalait et reposait mes yeux sur Perle. Décidément, elle était vraiment belle… Et alors qu’elle me confirmait que sa soupe était délicieuse, je ris avec elle à son jeu de mot, puis rajoutait :

« - Et… Vous faites quoi de vos journées à Moscou ?Enfin, quand vous ne travaillez pas, j’entends. »

Les paroles de Zackary firent un drôle d’effet à Perle…Il avait raison…et s’en était déroutant pour la jeune femme. Elle qui s’enfermait dans son idée que le passé n’était pas révolu et qu’il semblait lui courir en permanence après…Selon son compagnon, il fallait songer que chaque chose que nous vivons est différentes des autres…

Perle restait sceptique…De mauvais souvenirs ressurgissaient, chassant sur leur passage ses émotions grandissantes venant du cœur. Elle était une geisha, et ne pouvait aimer un homme…Elle ne voulait plus revivre cela…Mais d’un autre côté, elle était indépendante…Et n’était plus au Japon. Qui ici la montrerait du doigt en disant qu’elle a mal agit en donnant ses faveurs à un homme ? Elle n’avait pas de Danna et donc pas d’attaches particulières à un homme. Elle n’était plus dans une Okya d’une Hanamachi de Kyoto.

Elle ne devait plus être la meilleure, sans cesse en compétition contre les autres geishas pour avoir les meilleures offre, les meilleurs clients…Tout cela était fini…révolu…Alors pourquoi ne s’ouvrirait-elle pas un peu ? Pourquoi ne ferait-elle pas confiance à son cœur pour une fois ?

Facile à dire…pas à faire. Elle était Geisha, et bien qu’elle ne soit plus au Japon, elle avait été élevée là bas, les traditions de ce pays étaient en elle…et elle ne pouvait pas y faire abstraction…Du moins, pas encore. Les insultes de sa mère raisonnaient encore dans sa tête…Elle se revoyait pleurant à chaudes larme suite à son exclusion…

Seule Mama-San avait toujours vu en elle la femme qu’elle était, et donc l’avait accompagnée jusqu’ici…Mais son honneur avait été bafouée…ça elle ne pouvait pas le pardonner…Elle était Japonaise…
Toutes ces choses qui remuaient dans son esprit la firent soupirer…elle était toujours prise dans sa prison des traditions et ne pourrait jamais en sortir…Un belle prison…mais dont elle était elle-même le geôlier…C’était à elle de se rendre la vie plus confortable…Jusque là elle n’avait jamais été confrontée à un…problème…de ce genre…Elle avait trouvé les hommes insignifiants et inintéressants…Mais ce n’était pas le cas de Zack…Décidément la vie n’était pas facile…

La question du jeune homme la fit, à son grand soulagement, sortir du chaos de ses esprits.

Elle termina son assiette avec un air glouton et s’essuya délicatement la bouche avec une adresse telle qu’aucune trace du rouge de ses lèvres n’apparu sur la serviette. Puis elle caressa doucement la tête de Fenrir qui était revenu la voir après avoir boulotté avidement on os et son steak dont il ne restait plus rien du tout…il a de bonne dent le bougre…l’os avait été déchiqueté en un rien de temps , broyé et avalé…effrayant…Même Perle ne parvenait pas à s’y habituer de la voracité et de la puissance des mâchoires de son ami poilu à quatre pattes.
Puis après une petite pose de réflexion elle répondit avec un grand sourire à la question de Zachary :

- Ce que je fais de mes journées en dehors de mon travail…Et bien…souvent des choses en lien avec mon travail…

Elle rit et s’expliqua :

- Voyez-vous…quand un kimono a été mis une fois, nous le considérons comme sale…il est hors de question de le remettre sans l’avoir lavé…Et un kimono ne se lave pas en machine…mais à la main…Je suis très pointilleuse sur les traditions…et je trouve qu’un kimono, ou une robe chinoise, garde sa beauté encore plus longtemps lorsqu’il a été lavé à la main…

Mama-San pense la même chose et donc il faut laver mes kimono et mes robes, pour ensuite les faire sécher…Mais…Mama-San refuse que je touche à cela, prétextant qu’une geisha digne de ce nom ne s’abaisse pas à des taches aussi basses que de laver ses propres vêtements, mais je l’aide, tant pis si elle rechigne…Il est vrai que passer des heures les mains dans l’eau abime la peau…et je ne peut avoir des mains dans un triste état…Mes mains sont très importante dans mon métier…

Elle regardait sa main droite, blanche comme l’albâtre…et douce comme une pêche…ses ongles étaient longs juste comme il fallait de façon à ne jamais pouvoir griffer, et sans aucun vernis pour les orner. Des mains qui ne devaient pas s’abimer…

Puis elle reposa sa main sur la table et reprit son explication :

- Ce dont je m’occupe le plus…c’est tout ce qui va autour de ma panoplie…Je ne trouve pas en Russie les produits de qualité dont j’ai besoin pour mon maquillage, ou mes bijoux…je dois les faire venir du Japon…et les transactions sont parfois compliquées…On comprend mal ce qu’une Geisha est venue faire en Russie. Enfin, je gère aussi mon emploi du temps avec mes clients. Je dois aussi préparer ce que je dois faire, les danses, les attractions si vous préférez, en fonction de l’évènement pour lequel on requiert mes services. Et une fois tout ceci achevé…et bien je passe mon temps à mes loisirs…je cherche des antiquités qui me rappelle mes origines…Mon appartement est un véritable musée de la Chine ancienne et du Japon médiéval. Et je lis beaucoup…sur divers sujets…

Elle fit une petite pose…c’était un emplois du temps bien chargé…Perle n’avait pas beaucoup de temps à elle…Mais elle aimait sa vie ainsi…Elle ne sortait que pour travailler, jamais pour se divertir ou faire des courses…En y repensant, elle n’en avait jamais éprouvé le besoin….

- Ho…j’oubliais…Il me faut près de trois heures pour me préparer avant de partir chez un client…

Elle rit se demandant la tête qu’allait faire Zack en pensant à cela…Qui a dit que les femmes passaient du temps dans la salle de bain pour se préparer ? Pensez à ces pauvres Geisha qui doivent se maquiller seules et qui ont un sacré boulot pour se métamorphoser en ces petites poupées de porcelaine si jolies…

- Et vous ? Que faites-vous donc de vos journées…

Il y avait une petit pointe de curiosité dans ces paroles…les grands yeux bleus s’illuminèrent d’avidité à l’idée d’en savoir plus sur ce beau jeune homme qui causait tant de souci à notre petit Perle sur le plan sentimental…